L’Art Naïf : une Reconnaissance Internationale

À la fin du 19e siècle, la France connaît une époque, où l’art prolifère et de nouveaux mouvements apparaissent ; l’impressionnisme, puis plus tard, l’expressionnisme et l’art abstrait. C’est à cette époque, que l’art naïf est enfin reconnu comme un style, à part entière. En effet, il n’est pas académique et peu valorisé par le milieu artistique, essentiellement, car il est réalisé par des amateurs, issus de milieux modestes. Ils ont longtemps été appelés, les peintres du dimanche, car justement, ils pratiquaient cet art, sur leur temps libre. Nommés aussi « primitifs modernes », ils peignent à l’instinct ; en opposition aux artistes diplômés qui peignent, avec « raison et intelligence ». Les artistes naïfs ont renouvelé la peinture, lui donnant un aspect enfantin et joyeux, abordant des sujets populaires. Où cet art a-t-il eu du succès ? Explications de ses spécificités et raisons de son succès.

L’art naïf dans le monde

Le naïf en France

Paris a été le berceau de l’art naïf. Montmartre était le quartier emblématique, où les artistes s’inspiraient des monuments parisiens, pour créer leurs peintures. Le Douanier Rousseau a été le premier artiste naïf connu et reconnu de son vivant. Il a eu du succès très rapidement et a même été vu par Picasso, qui avait quelques-unes de ses œuvres d’art, chez lui. Le critique d’art, Apollinaire, l’avait également remarqué. Tous n’ont pas pu vivre réellement de leur art, mais certains vendaient très bien leurs tableaux, tandis que d’autres, étaient financés par des collectionneurs, comme Séraphine Louis, qui pouvait ainsi exposer ses toiles. Les artistes naïfs étaient exclus du cercle artistique classique, mais ont pu être repérés, grâce à la première Foire aux Croûtes, organisée en 1921. Cet événement a permis aux peintres « amateurs », de se faire connaître des marchands d’art et de pouvoir montrer leurs œuvres. Aujourd’hui, le Musée International d’Art Naïf de Nice, inauguré en 1982, rassemble des œuvres internationales et explique l’histoire de ce style unique.

Le naïf africain

Le style naïf en Afrique a été rendu célèbre en Tanzanie, avec le peintre autodidacte, Edward Saidi Tingatinga. Dans les années 60, la peinture tanzanienne n’existe presque pas et les touristes n’ont pas beaucoup de choix dans leurs achats de souvenirs. Edward se dit, pourquoi pas peindre ? Il commence à dessiner les animaux qu’il connaît : les hyènes, les lions, les zèbres, etc. sur des panneaux agglomérés, avec de la peinture émaillée pour bicyclette. Il peint sur un fond monochrome et mélange les couleurs vives et brillantes. Dès le début, c’est un succès auprès des étrangers. Face à la demande grandissante, il s’entoure d’une poignée d’élèves, pour créer les tableaux. Il n’enseigne pas vraiment sa technique, mais explique à l’oral comment procéder. Tingatinga n’aura peint que quelques années, car il sera abattu par la police, qui l’aura confondu avec un malfaiteur. Ses élèves poursuivront son œuvre, en créant une école de peinture ; ce style naïf singulier, porte le nom de Tingatinga, en hommage posthume à l’artiste.

Le naïf brésilien

L’art naïf brésilien est né dans les années 40, grâce à des hommes et des femmes, qui ont eu une envie de créativité. Qui étaient-ils ? Des agriculteurs, des mécaniciens, des cuisiniers, tous très loin, à la base, du monde artistique. Ils ont créé un art authentique, riche de rythmes et de couleurs. Les peintres naïfs brésiliens reconnus, comme Antonio Potero, Chico Da Silva, Miranda, Isabel de Jesus, etc. se sont beaucoup inspirés des différentes religions, pour faire vivre leurs tableaux : vaudou africain, catholicisme, religions autochtones. Ils ont également su transmettre la passion de la musique et plus spécifiquement, de la samba, à travers leurs œuvres. Ils ont ainsi mélangé toutes les tendances et offert des peintures qui reflètent la culture brésilienne.

art naif bresilien

Le naïf haïtien et cubain

Haïti est l’île où le naïf a eu une forte notoriété internationale. Il a été propulsé par les dirigeants du Centre d’art haïtien, persuadés de la supériorité de ce type de peinture. Ils ont encouragé les artistes amateurs et professionnels de l’époque, à pratiquer cette technique, pour ensuite participer à l’exposition de La Havane en 1945, puis celle de Paris, l’année suivante. Pour la plupart, ils sont autodidactes, issus de milieux défavorisés, et donc, n’ont pas eu de formation au dessin ni à la peinture. Ils simplifient les formes et créent de manière inconsciente. Ils utilisent beaucoup de couleurs, pour décrire la vie quotidienne, la nature ou les paysages exotiques ; dépassant la réalité pour laisser place au rêve. Les peintres haïtiens ont la particularité de vouloir représenter un monde utopique, où l’Homme et la nature cohabitent, en toute sérénité dans une harmonie parfaite.

Cuba, l’île voisine, a développé aussi cet art dans les années 40, avec l’artiste Ruperto Jay Matamoros. Il a été le premier à proposer ses œuvres d’art naïves et été célèbre au-delà des frontières ; devenant une des icônes de la peinture cubaine. Ses dessins offrent des formes précises et détaillées, mélangées à des couleurs éclatantes ; comme il est d’habitude dans l’art naïf.

Techniques et spécificités

L’art naïf est très différent de l’art dit « institutionnel », car les artistes peignent avec un langage spontané ; ils ne se conforment pas aux codes et n’ont pas peur de les casser. Cette technique, ne suit pas les règles de perspectives ou la naturalisation des couleurs. Cependant, une minutie très précise dans les détails, est indispensable. Les tons très colorés et pétillants sont la base de l’art naïf, qui offre des peintures vivantes, appelant au songe et au voyage. La stylisation est un procédé fréquemment utilisé par les peintres naïfs, pour embellir leurs œuvres. En effet, ils cherchent souvent à atteindre l’idéalisation, afin d’améliorer la réalité et ainsi, obtenir un monde enchanté. Les peintures naïves racontent une histoire, facile à comprendre et accessible à tous. Derrière une apparence enfantine, chaque peinture naïve a pour but de délivrer un message, décrire une société, exprimer un idéal ; malgré une peinture libre, rien n’est laissé au hasard. Le poète Louis Aragon a d’ailleurs, très justement, dit « il serait naïf de croire cette peinture naïve ».

Le naïf est un style qui ne cesse de séduire les amateurs d’art, à travers le monde. Il est, de plus en plus, convoité par les marchands spécialisés dans l’art africain, qui y trouvent des similitudes, notamment par les couleurs et les traits. Cette tendance, permet de faire progresser les côtes des artistes naïfs, notamment ceux d’Haïti. Ce style est également très recherché par les particuliers, qui souhaitent apporter une touche de couleur et d’éclat à leur décoration ; il se marie parfaitement avec les ambiances épurées et minimalistes. Jetez un coup d’oeil à ma boutique et n’hésitez pas à me contacter au besoin !

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