Vous aimez l’île de Cuba et vous aimeriez faire entrer un peu de cette culture chez vous en achetant l’oeuvre d’un artiste cubain ? Mais dans quel style investir, et comment choisir votre toile ? On vous présente le travail de Luis Bencomo, un peintre cubain installé en France. Imprégnée de l’histoire de son île d’origine, sa peinture mélange les influences occidentale et africaine dans un style unique et résolument contemporain.
Acheter l’oeuvre d’un artiste cubain
Promouvoir l’oeuvre d’un peintre cubain en lui achetant une toile ? Oui, mais il n’est pas toujours facile de se décider parmi la multitude des styles artistiques. Alors, rappelez-vous qu’acheter une oeuvre d’art représente bien plus qu’un acte commercial, et laissez-vous guider par votre ressenti ! Telle toile vous a tapé dans l’oeil ? Alors, prenez le temps de vous arrêter. Imprégnez-vous de sa chaleur chromatique. Regardez les motifs figuratifs. Ils vous intriguent ? Vous n’en comprenez pas tout à fait le sens ? Demandez au peintre de vous raconter l’histoire de son tableau. Un tableau est comme une fenêtre ouverte sur le monde et acheter une oeuvre à un artiste cubain, c’est faire entrer un peu de culture caribéenne chez vous. Comprendre l’histoire et la signification d’une peinture, ses sources et ses influences permet aussi de l’apprécier davantage.
Cuba, une île au carrefour des civilisations
Toutes sortes de productions plastiques se côtoient à Cuba, dans des styles parfois très différents. Les artistes du street art affichent leurs messages contestataires sur les murs de certains quartiers de la ville. Certains peintres cubains peignent pour plaire aux touristes. D’autres encore s’inscrivent dans l’héritage d’une peinture au carrefour de l’art occidental et africain. L’histoire de Cuba est marquée du sceau de l’Empire espagnol qui la colonise au XVe siècle. Les conquistadores en font alors une escale sur la route du commerce qu’ils tracent entre l’Europe et les Amériques. En même temps, Cuba est aussi intimement liée à l’Afrique à travers la diaspora africaine du trafic des esclaves. Cuba hérite donc d’un triple héritage culturel : latino-américain, occidental et africain.
Les artistes du courant afro-cubains ont transposé cela dans leurs peinture. C’est de cette esthétique-là dont nous allons parler dans cet article à travers un artiste cubain qui le représente : Luis Bencomo. Ce peintre cubain a, en effet, développé un langage pictural singulier et contemporain. Un langage qui prend sa source à la fois dans la tradition occidentale naturaliste et dans les arts traditionnels africains. Décryptage.
Luis Bencomo : peintre cubain contemporain
L’héritage occidental de la peinture de cet artiste cubain tient à la dimension figurative et aux thèmes qu’il peint. On sent l’influence de l’art naïf dans son choix de traiter des sujets populaires. L’influence africaine se voit dans le traitement formel de l’espace et de la couleur (frontalité et abstraction des motifs y sont traités de manière assez poussée), ainsi qu’à la place donnée aux personnages.
1. Représentation naïve du peuple et de la ruralité
Paysages campagnards, scènes de genre, animaux domestiques et toutes sortes de sujet populaires sont des thèmes que les peintres naïfs affectionnent. Des motifs qu’on retrouve dans la peinture des pionniers de la fin du XIX – début XXe siècle, comme Henri Rousseau le parisien (dit le Douanier Rousseau). Ou encore Ruperto Jay Matamoros, peintre cubain, grand maître de l’art naïf des Caraïbes.
Mêmes sujets populaires chez Luis Bencomo, avec une prédilection pour les scènes de genre en milieu rural : villageois entourant des coqs domestiques ou personnages regroupés autour d’instruments de musique dans la campagne cubaine, comme dans la peinture El Barquito. Notre artiste cubain aime aussi peindre le portrait de femmes noires en costume folklorique, par exemple Cubanas n°3 ainsi que les natures mortes.
Autodidactes, les artistes naïfs peignent hors des règles académiques. Leur style pictural, bien que figuratif, ignore les règles de la perspective géométrique héritée de la Renaissance. On retrouve ce traitement formel chez Luis Bencomo, mais poussé bien plus loin dans l’abstraction. La stylisation y est nettement plus poussée aussi.
2. Traitement formel de l’espace et de la couleur
Si l’organisation de l’espace de Luis Bencomo reste figuratif, l’abstraction des motifs est forte. Les différents plans de l’espace illusionniste sont, en effet, déjà presque ramenés à la frontalité du support pictural, comme dans la peinture moderne abstraite. Le second thème de prédilection de notre artiste cubain, c’est la couleur. La couleur qu’il pose en aplat sur des surfaces aux contours bien délimités. Vive, franche, joyeuse, la palette de Luis Bencomo éclate comme un feu d’artifice pour nous réchauffer le coeur. Véritable cocktail chromatique qui détonne et vient réveiller nos âmes désenchantées de citadins occidentaux. La palette chromatique et le traitement spatial de notre peintre cubain rappelle le style africain Tinga Tinga et la peinture de Manuele Mendive. La décoration pointilliste de certains motifs également.
3. Des personnages-esprits ?
Les personnages de Bencomo ne se distinguent que par leur rôle social et le vêtement. À part ça, ils ont tous le même corps et le même visage. Mais ne vaudrait-il pas mieux parler de leur “absence” de corps, plutôt ? En effet, les corps des personnages peints sont tous identiques. Mêmes visages noirs, sans relief, sans yeux, ni bouche, ni nez et légèrement démesurés, comme enflés. Idem pour les corps, qui sont comme aplatis et désincarnés.
Comment interpréter ces personnages qui sont comme des trous noirs béants ? Faut-il y voir la symbolisation de la perte d’identité d’hommes et de femmes réduits à l’anonymat ? Souvenir des douleurs de l’esclavagisme ? On ne ressent pourtant aucune angoisse à les regarder. Au contraire, ils nous rassurent presque.
Issus de la diaspora africaine à Cuba, certains artistes cubains sont allés puiser leur inspiration à des sources inédites de l’art africain. C’est une contribution spécifique de ces artistes au monde que d’avoir rendu visibles des récits ou des entités magiques qui n’existaient que de manière orale dans les cultes d’origine. Ils ont ainsi développé des langages picturaux qui mêlent la tradition naturaliste occidentale à leurs racines africaines, dans un métissage qu’on appelle le réalisme magique.
On l’a dit, les personnages de Luis Bencomo n’ont rien de menaçants. Leurs corps, aux contours fluides et doux, donnent plutôt l’impression de flotter de manière sereine. Serait-ce des esprits comme on en trouve représentés chez les grands peintres cubains connus issus de la diaspora africaine, comme Manuele Mendive ou Aconcha ? Les personnages de l’artiste cubain Luis Bencomo forment des groupes qui ressemblent à une famille. Les âges et les générations sont en effet marqués à travers l’activité sociale et le vêtement. Ces personnages-esprits seraient-ils alors des ancêtres ? Des ancêtres qui côtoient les vivants sans être une menace pour eux : cette représentation du surnaturel dans le réel est typique du réalisme magique, un courant pictural qui s’exprime dans de nombreuses cultures latino-américaines.
Luis Bencomo est un peintre cubain au style résolument contemporain. Entre représentation naïve de sujets populaires, réalisme magique et abstraction chromatique, il mélange les influences pour former un langage pictural unique et original. Vous pouvez choisir votre toile dans sa boutique en ligne. Il s’est installé en France depuis quelques années. Alors si vous passez du côté du Vaucluse, allez lui rendre visite dans son atelier. Peut-être vous contera-t-il l’histoire de ces étranges personnages flottants qui habitent sa peinture…
Rédaction web : Charlotte Tschumy